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Karine Maussière

Portrait



Vit et travaille à Marseille

Lier naturel et technicité, paysage bucolique et paysage urbain, parler de l’homme, de son erratique complexion, exposer le vide, s’investir dans une poétique du déplacement tout en multipliant les clichés statiques des friches industrielles, traduisent quelques unes des caractéristiques des recherches plastiques de Karine Maussière.

De prime abord, elles revêtent un caractère équivoque. En effet, vouloir à la fois parler de la mère archétypale, de la relation positive de l’homme à la nature tout en s’attachant à montrer, sans noirceur, sa vérité désormais urbaine et dont il ne subsiste désormais que les traces d’une activité passée - lieux de vie, de travail ou de fête - relève de la gageure. Il est certain que le travail de Karine Maussière s’expose complexe. Elle y fait cohabiter techno et haïku, Gilles Clément et Lewis Caroll, ces bipolarités s’articulant entre espace grandiose et jardin zen, agitation et méditation, espace dépourvu de limite et cadrage précis. Ainsi confronte-t-elle deux mondes, en apparence contradictoires, l’espace urbain, industriel ou autoroutier et l’espace pastoral. Parfois ces mises en parallèle coexistent dans un même travail (série de photographies Lieux de Fêtes, 1995-98), elle préfère, néanmoins, investir indépendamment chacun de ces univers par le biais de la photographie ou de la vidéo donnant lieu à chaque fois à une œuvre singulière qui cependant participe à la cohérence de l’ensemble, tel un témoignage isolé révélant une vérité commune.

En outre, ce qui importe ici n’est pas tant l’espace, quel qu’il soit, mais plutôt ce qu’il implique. La frontière est marquée parce qu’elle doit être franchie. C’est son dépassement qui justifie la limite, le cadre, l’apparent. On comprend alors en quoi Karine Maussière se présente telle Alice, prénom dont elle signera certaines photographies et poèmes. Elle traverse le miroir, apprivoise les apparences. Ainsi rejoint-elle, par certains aspects, une des définitions de l’espace par André Masson : « contrairement à l’habitude européenne de se déplacer devant les choses - conception scénique et policée du monde -, il s’agirait d’une vision diffuse. Je ne suis pas devant ceci ou cela, je ne suis pas devant la nature, j’en fais partie. Un espace devenu actif, fleurissant, mûrissant, s’évanouissant. Le contraire de l’espace - limite, [...] un espace agissant, ou les corps ne seraient que des trajectoires ... » [1]. Et c’est bien d’espace agissant dont il est question dans l’œuvre de Karine Maussière. Ce qui crée l’unité c’est le mouvement, qu’il s’agisse de celui produit par ses errances vidéo durant lesquelles elle filme en marchant, pendant des journées entières (2002-2003), traversant les appartement (2000-2001), ou de celui induit par ses danseurs isolés (1998). Mouvement et temporalité se présentent comme le ciment de ces pierres éparses, rythmiques, et poétiques enfin.

Myriam Hombert 2003


    Unes

    #007